Région Nord Pas de Calais, les contrôleurs de la SNCF sont en grève... "Une fois de plus !" me direz-vous

Pour une fois, je vais m'assoir sur les principes et sur le droit de réserve...

Donc, oui, les contrôleurs font grève pour défendre leur métier qui évolue, leurs conditions de travail et comme beaucoup de monde, leur pouvoir d'achat, leurs salaires si vous préférez.
Oui, parce que les médias (France 3 NpdC) continuent à raconter des conneries sur notre dos.

Concrètement ou entre autre et pour faire simple, la direction soutenue par la Région veut, petit à petit sédentariser notre métier de contrôleur.
On dit Contrôleur car c'est passé dans le langage usuel de monsieur tout le monde. Ce n'est pas dégradant mais nous préferons Agent du Service Commercial Trains ou Chef de Bord. Vous allez comprendre la nuance.

Si notre métier se sédentarise, cela veut dire pour les trains TER (régionaux), plus de Chef de bord... à bord des trains.
Petit à petit, la SNCF modernise son matériel roulant pour que le conducteur puisse circuler sans la présence d'un Chef de Bord... à bord !

Et le contrôle ?
Et bien, il peut se faire "au sol", c'est-à-dire à l'accueil ou à l'arrivée des trains, en gare. Si notre métier se sédentarise, il peut tout de même y avoir des contrôles dans les trains sous forme de brigades volantes faisant ponctuellement des opérations de contrôle et de lutte anti-fraude dans les trains. Mais ça, c'est pour "la sauvegarde des recettes" de l'entreprise...

Nous, Chefs de Bord et surtout miltants à Sud-Rail, pensons aussi et avant tout au maintien d'un service public de qualité, sécurisé, fiable, etc.

J'espère que vous aurez compris là où je veux en venir car si notre métier évolue dans ce sens, vous ou les personnes que vous connaissez et qui utilisent ce moyen de transport qu'est le TER, vous retrouverez dans la même situation que les usagers d'Ile-de-France, des trains bondés, et surtout sans sécurité, livrés aux incivilités en tout genre. Non, je ne vise personne mais il n'y a qu'à ouvrir les yeux et voir ce qui se passe en banlieue parisienne. Des bandes organisées sévissent dans les trains.

Vous ne le savez peut-être pas mais le nombre d'agressions de contrôleurs est croissant.
Sans chef de bord... à bord pour assurer les missions de sécurité et de sureté (qui font partie de nos premières prérogatives), ce seront les clients qui subiront les actes de violence... Enfin, je ne le souhaite pas, bien évidemment !

Alors, voilà pourquoi nous souhaitons que la Direction entende nos revendications pour que les Chefs de Bord restent... à bord.

Photo: "Mon putain de fourgon..." à Orléans - FAB

Ce soir, je rentre tard du travail.
Pas vraiment fatigué par le train-train mais plus par toutes ces têtes, tous ces regards qui me dévisagent.

Veille de grève, l'atmosphère est pourtant comme les autres jours...
Des visages, j'en vois par centaines chaque jour quand je prend le train.
A chaque fois la même chose: dédain, mépris voire agressivité envers ma fonction de chef de bord dans l'entreprise nationale de transport ferroviaire qui m'emploie...

Encore une fois, je me lasse mais je laisse ces sentiments couler le long de mon uniforme comme une pluie fine de Mars.
L'autre a beau me roucouler des mots flatteurs pour esquiver le contrôle... Rien, je ne laisserai rien passer.
Ma fonction m'y oblige. Pas humain direz-vous ? Parfois non.

Pas assistante sociale non plus, ni punching-ball, ni bagagiste pour la bourgeoise en 1ère classe qui d'un claquement de doigts exige que l'on lui monte sa valise dans le train !

Alors demain, jeudi 19 Mars, je serai "encore" en grève, je descendrai dans la rue pour manifester accompagné par mes collègues syndicalistes, irresponsables, terrroristes et preneurs d'otages (ces mots lourds de sens prononcés par un Président dédaigneux de notre travail, je les entend encore...).

Encore une fois nous serons dans la rue, car face aux propos de Mme Parisot qui prétend que ce mouvement est indécent, démagogue et qu'il n'amène que désillusion aux Français, il n'y a que le nombre croissant de manifestants pacifistes et libres de leurs propos qui auront raison d'une politique capitaliste indécente et qui, je l'espère feront ouvrir les yeux aux autres... A ceux qui n'osent pas encore nous rejoindre. Il y a pourtant de plus en plus de gens déçus. Retraités, jeunes, chômeurs, laissés pour compte, etc.
Récemment, une cliente dans le train m'a dit "En 2007, on vous a maudit car vous avez bloqué le pays avec 10 jours de grève, mais je me rend compte aujourd'hui que vous aviez raison !"
Elle m'a même avoué avoir voté pour lui et le regrette car elle se rend compte qu'elle n'est plus à l'abri du chomage...

Alors demain, dans la rue, il y aura du monde pour décider ensemble de notre avenir et ne pas les laisser faire n'importe quoi.

Parce qu'il le faut...

Photo: "Salle des Pendus" à Lewarde - FAB

Pourquoi cette photo ? En souvenir de nos pères ou grand-pères mineurs, ouvriers, qui se sont battus, à une autre époque, pour leurs droits...

Même si j'ai déjà évoqué mon métier, le fameux code de déontologie de mon entreprise m'amène à être prudent si je viens à parler de ça !

Alors que la plupart d'entre vous s'apprêtent à entamer une nouvelle semaine, je serais en W.E demain, lundi à 11h17 (faut être prècis et pointilleux).

Entre Jeudi 5 février 2009 16h50 et demain 11H17 - date et heure à laquelle j'ai commencé et bientôt fini ma semaine de travail (pour vous c'est lundi, demain !!!!) - Je suis rentré chez moi dans la nuit de jeudi à vendredi, n'ai pas dormi chez moi vendredi soir et ce soir, mangé des plats à emporter tout prêts, yapukaferchofé !, dit """"Mesdames, messieurs, bonjour,  controle des titres de transport et cartes de réduction, svp, merci au revoir"""" des centaines de fois, et tout ça avec le sourire, bien entendu !
J'ai fait les trajets suivants, le 05/02 : Lille- Paris, Paris - Lille, Lille - Paris, Paris - Lille. Dans la nuit du 06 au 07/02, Lille - Chambéry. Le 07/01 Chambéry - Grenoble, Grenoble - Lille. Aujourd'hui, Lille - Paris, Paris - Aulnoye-Aymeries. Et je finirai ma semaine demain, lundi 9 janvier (pour ceux qui auraient pas compris, c'est votre tour demain !) en faisant Aulnoye - Paris, Paris - Aulnoye, Aulnoye- Lille... Ouf

Au délà de toutes considérations ou revendications ou plaintes par rapport aux contraintes de mon métier (liées notamment aux troubles du sommeil, de digestion à cause des repas sandwich pas toujours aux bonnes heures , de prise de médicaments, de stress, de fatigue, de risques d'agresion...), je me posais une question toute bête. J'ai fait combien de kilomètres ? Sur cette question, je vous souhaite un bon week-end. Ah non, c'est l'inverse !

FAB